EN BREF
> Le Raout Presans 2017 a fixé son lieu, ses intervenants, et son thème.
> Le thème "Intelligence artificielle et ville intelligente" est la culmination d'une longue série de réflexions sur le monde des organisations ouvertes.
> La "méthode Presans" rend possible un regard original et hors agendas convenus sur ce thème.
> Première présentation d'Albert Asséraf et d'Aurélien Bellanger, nos deux intervenants principaux.

Intelligences artificielles

La migration de l’adjectif « intelligent » vers le monde des objets technologiques semble avoir commencé dans le domaine militaire des missiles. Aujourd’hui le mot s’applique à des objets tels que les téléphones ou les véhicules, voire à des processus tels que la croissance économique.

Le trait qui relie ces différents usages, c’est que ce qui est intelligent n’est plus un sujet humain. Les objets deviennent des agents artificiels : des machines à décider munies à la fois de capteurs, de connexions au réseau des autres machines intelligentes, d’algorithmes, et d’actions possibles. Cas typiques d’actions possibles : catégoriser des données, donner ou refuser un accès, activer ou ne pas activer un système.

Le penseur Guillaume Paoli, auquel nous nous référions déjà dans notre analyse du transhumanisme, jugeait que si certaines perspectives totalitaires et désolantes du futur ne suscitaient aucune révolte, c’était sans doute dû au fait que les hommes devenaient plus stupides, et en tout cas plus apathiques que les machines.

La boutade peut se lire comme une forme de scepticisme à l’égard des vertus progressistes dont se pare la nouvelle ingénierie sociale des réseaux intelligents. Peut-on ainsi se permettre de refuser le grand récit technophile de la singularité? Nous laisserons cette question ouverte. Ce qui est sûr, c’est que la construction ou l’émergence de machines intelligentes surpassant significativement les capacités humaines actuelles dans les décennies à venir est au cœur des préoccupations des plus brillants esprits. L’incontournable Elon Musk a ainsi récemment déclaré que la course aux intelligences artificielles serait le déclencheur le plus probable d’une éventuelle Troisième Guerre mondiale :

Depuis la parution en aout 2016 de notre article de présentation d’Elon Musk, le fondateur de SpaceX a notamment révélé son implication dans la startup de neurotechnologie Neuralink. La course généralisée vers l’intelligence augmentée s’accélère et semble tracer un horizon naturel au capitalisme, sur lequel l’agenda de l’industrie 4.0 vient s’appuyer en vue de reconfigurer la production industrielle.

Cette extension du domaine de l’intelligence ne se limite pas aux monde des objets ou à celui des applications. Elle construit systématiquement de nouvelles infrastructures digitales, des plateformes et des métaplateformes. Elle remet inexorablement en question la forme de l’infrastructure fondamentale de la vie moderne qu’est la ville elle-même.

Villes intelligentes

La ville est depuis longtemps devenue une infrastructure de réseaux traversés par des flux de matière, d’énergie, d’information et de personnes. Le thème de la ville intelligente répond d’une part au problème critique de la saturation de ces réseaux. Il s’agit alors d’empêcher que la ville soit rendue invivable par la croissance de ses flux. Cet aspect possède un complément : limiter le gaspillage au sein des flux de ressources rares ou non renouvelables. La ville intelligente entend la fatigue de la terre. Mais la ville intelligente est en même temps la ville perfectionnée ou optimale, la ville qui réalise toujours mieux son idéal de libre croissance.

Les projets, les produits, les institutions qui se réclament de la ville intelligente se multiplient. Certaines semblent proposer à la ville de partir de zéro, à l’instar de la fameuse Masdar. Faut-il aller plus loin dans cette direction? La ville intelligente idéale ne serait-elle pas une colonie toroïdale en orbite autour d’une Terre sauvée, conformément à l’utopie de Jeff Bezos? Signalons que le film de science-fiction Elysium donne une déclinaison dystopique à cette vision. Faut-il estimer, avec les concepteurs de l’Amérique 3.0, que l’évolution technologique pourrait favoriser à l’avenir la décentralisation et ainsi une certaine exurbanisation? Quelle sera la taille de la ville intelligente? La ville intelligente sera-t-elle conforme au principes de la société ouverte? Les hommes y vivront-ils plus librement? Ou alors la colonisation des systèmes urbains par les algorithmes sera-t-elle vécue comme une soumission?

Comment répondre à ces questions?

Une ville n’est pas une entité qui serait d’emblée réductible au statut d’objet. Son statut est plus flou. D’où la complexité du thème de la « ville intelligente », potentiellement à la fois sujet et objet intelligent.

Comment faire justice à cette complexité? Ne sommes-nous pas là devant un cas peu trivial, pour ne pas dire plutôt difficile de mobilisation de talents et d’expertises hétérogènes?

Un tel exercice serait périlleux à entreprendre si nous n’étions pas munis d’une méthode qui a déjà fait ses preuves à d’innombrables occasions. Or, faire se rencontrer les expertises, mobiliser les talents à la demande, c’est là très exactement le métier de Presans.

Aller chercher les meilleures expertises là où on ne les attend pas est inscrit dans notre ADN.

Le Raout

Ce défi nous correspond, et pour tout dire, il tombe même très bien, puisque notre Raout annuel se tiendra dans un peu plus de deux mois au Centre Pompidou, au cœur de Paris.

Cinema 2 scene

Le Centre Pompidou fournira un cadre stimulant aux discussions.

Mais revenons à nos questions. De quelles expertises originales avons-nous besoin?

Montrons que ce que nous cherchons relève d’un côté d’un savoir opérationnel, de l’autre de l’art du récit :

  • La ville en tant que sujet s’applique en effet toujours déjà à mieux se connaître, à mieux se mesurer, à mieux concevoir son propre développement. L’activité économique de la ville produit et perfectionne un savoir opérationnel propre, une objectivation de soi guidée par la norme marchande de l’efficacité.
  • La ville en tant que sujet se munit d’autre part d’une capacité radicale à imaginer et re-imaginer son propre récit, à transformer les documents historiques en traces d’un mythe, d’une énigme, d’un destin. C’est là le terrain littéraire de la libre saisie d’un sens inaccessible aux approches empiriques ou théoriques.

Ces remarques nous permettent d’en venir à nos deux intervenants, à nos deux « talents à la demande » :

  • Albert ASSÉRAF, Directeur Général Stratégie, Data & Nouveaux Usages, JCDecaux.
  • Aurélien BELLANGER, écrivain.

Le métier d’Albert Asséraf consiste ainsi précisément à mesurer, identifier, qualifier des audiences urbaines en flux permanent, et à concevoir des objets et des services destinés à « améliorer la vie des gens ». Aurélien Bellanger, quant à lui, vient de publier un roman intitulé Le Grand Paris. Au tout début de ce livre, le narrateur et personnage principal annonce : « J’ai imaginé moi-même l’un des plus importants réseaux de la capitale ».

Nous aurons l’occasion de présenter Albert Asséraf et Aurélien Bellanger en plus de détail prochainement. En attendant, songez à vous inscrire au Raout Presans 2017! Et préparez-vous à d’autres surprises…