L’un des aspects importants ressortant de DYSTOPIA 2019 est l’existence d’attitudes distinctes à propos de l’intelligence artificielle et des réseaux sociaux selon la région du monde. Qu’il s’agisse d’intelligence artificielle éthique ou d’instrumentalisation des réseaux sociaux, les points de vue divergent de manière caractéristique en fonction du pays.

 

États-Unis et Europe n’ont pas la même vision sur les données

 

Notons d’abord un point d’accord entre Etats-Unis et Europe. Tous deux semblent unis, du moins en principe, sur l’importance de ne pas utiliser l’intelligence artificielle de telle sorte qu’elle contribue à reproduire des biais considérés comme injustes ou contraires à la justice sociale. L’intervention de Laurence Devillers a fortement souligné cet aspect, où tout reste à faire.

 

Cependant, là où les Etats-Unis fournissent un cadre juridique favorable à l’exploitation des données individuelles par les géants de l’Internet, l’Europe met en place des protections réglementaires de la vie privée, notamment sur les réseaux sociaux.

 

Emmanuel Chiva, Directeur de l’Agence pour l’Innovation de Défense, a montré la nécessité d’aborder ces questions non seulement d’un point de vue éthique, mais aussi selon une logique de puissance.

La Chine aborde l’IA et les réseaux sociaux avec une philosophie propre à elle

 

Changeons de région du monde et regardons comment les choses se passent dans l’un des pays les plus actifs en matière d’intelligence artificielle et de réseaux sociaux. Pour dire les choses en une phrase : éthique et protection des données individuelles ne semblent pas constituer une priorité en Chine. Du point de vue occidental, il serait tout à fait exact de dire que le système chinois est perçu spontanément comme un système dystopique. La référence au système de crédit social chinois est revenue plusieurs fois pendant la journée, avant et après l’intervention éclairante de Yago Campos sur ce sujet… intervention qui nous invite à ne pas sous-estimer la convergence technologique entre Etats-Unis et Chine. Une ambition européenne pourrait être alors d’empêcher la mise en place d’un système de surveillance massive, sinon dans l’ensemble du monde, du moins déjà en Europe.

 

Sur quel aspect lié à l’intelligence artificielle et les réseaux sociaux ces trois régions géographiques pourraient-elles à l’avenir développer une attitude commune ? Une piste à examiner très sérieusement pourrait être la proposition d’un revenu de base universel pour contrer l’impact disruptif des nouvelles technologies sur l’employabilité des humains… une proposition qui suscitera presque certainement la crainte d’un nouveau collectivisme, face auquel les crypto-monnaies apparaîtront peut-être comme un refuge décentralisé de liberté individuelle.