Le concept d’organisation exponentielle, ou ExO, a été lancé par Salim Ismail, qui est l’un des membres fondateurs de l’Institut de la Singularité, think tank influent voué à la cause du transhumanisme.
Une organisation exponentielle est une organisation qui tire le meilleur parti économique de la croissance exponentielle de l’information. Les onze facteurs de performance exponentielle identifiés par Ismail sont les suivants : côté “caractéristiques externes”, ou organisation productive (SCALE) : 1) Équipes à la demande (Staff on Demand) 2) Communauté (proche du noyau de l’organisation) et Foule (en périphérie) 3) Algorithmes 4) Effet de levier sur les actifs (Leveraged Assets) 5) Participation des utilisateurs (Engagement) ; côté “caractéristiques internes”, ou organisation créative (IDEAS) : 6) Interfaces 7) Tableaux d’indicateurs (Dashboards) 8) Expérimentation 9) Autonomie 10) Social. Le onzième facteur est la raison d’être massivement transformationnelle de l’organisation (Massive Transformational Purpose) — en langage plus simple : en quoi elle change le monde.
La statistique à l’origine du récit singulariste, ou de la lecture singulariste de l’histoire, est la fameuse loi de Moore. Elle fit merveille pour Ray Kurzweil. Diverses statistiques présentant un air de famille avec la loi de Moore constituent à leur tour la base du récit d’Ismail, et convergent vers une idée simple : le rapport performance / coût des technologies augmente de manière exponentielle, rendant possible l’éclosion toujours plus rapide de nouvelles entreprises à très forte croissance. Dans le monde de la technologie, beaucoup de choses vont toujours plus vite, moins cher, et mieux.
De cette vision d’abondance technologique se dégage un message optimiste pour l’avenir. En se basant sur des statistiques objectives, Ismail ancre cette vision dans des réalités fondamentales. Son livre est un contre-feu destiné à stopper l’idée que le monde de la technologie serait pris dans une bulle.
À qui ce concept sera-t-il utile? Du côté des investisseurs, il s’agit d’aider à identifier les traits des startups ayant une bonne chance de devenir des licornes exponentielles. Du côté des startups, la familiarité avec le concept d’Ismail les aide à formuler et à communiquer leurs messages. Pour les grandes organisations, il s’agit de puiser de l’inspiration stratégique.
Quelle différence peut-on établir entre organisation ouverte et organisation exponentielle? Il est encore trop tôt pour le dire, mais il pourrait être bienvenu d’intégrer dans le concept d’ouverture l’idée d’un recul critique sur le processus de l’exponentialisation lui-même.