Gilles Babinet est un entrepreneur illustre. Il est aussi l’actuel Champion du digital pour la France auprès de la Commission Européenne. Il est intervenu le 10 janvier 2017 lors d’une Masterclass de l’Executive MBA de Telecom Ecole de Management sur le thème “Transformation digitale : enjeux techniques ou changement de monde?”, dont traite son dernier livre.
Selon Gilles Babiet, la transformation digitale touche à l’anthropologie, même s’il s’agit à l’origine d’une rupture technologique qui aboutira en 2025 à une planète comprenant 100 milliards d’objets connectés.
Pour d’abord comprendre le bouleversement technologique induit par le digital, il nous invite à considérer le cas de l’Afrique, où la croissance est inséparable de la pénétration des smartphones. Le digital augmente l’efficience de tous les actifs et accélère l’économie locale.
Deuxième aspect à retenir : l’optimisation qui découle de la multitude. Hors biographies d’hommes politiques, Wikipedia contiendrait moins de fautes que l’Encyclopaedia Britannica.
Troisième facette de la transformation, liée à la prédédente : la big data, qui affecte le volume, la vélocité et la variété des données (3 V). Gilles Babinet note l’accélération de la croissance des NATU, par rapport à la première génération des GAFA.
L’aspect anthropologique révèle quant à lui une rupture dans l’organisation de la société, mais aussi dans la vision et le vécu du monde. Cette rupture creuse actuellement un écart entre les générations, notamment dans l’usage de la mémoire. Nous assistons en particulier à une baisse planétaire du QI. Mais parallèlement la capacité associative augmente.
La rupture anthropologique condamne par ailleurs nos anciens modèles économiques, notamment à travers la dynamique de l’open source. Cela nous pousse à revoir l’ensemble des modèles organisationnels et managériaux dans la société en général, et dans les entreprises en particulier. Le modèle moderne des organisations productives a pendant longtemps été l’armée. L’organisation des systèmes éducatifs a elle aussi été basée sur ce modèle. Or le monde d’aujourd’hui a moins besoin de bourrage de crâne, et davantage soif d’associativité et de collaboration. L’intérêt pour les écoles alternatives n’a donc rien de surprenant, au moment où la révolution digitale n’en est qu’à son début.
Comment penser cette révolution? Gilles Babinet privilégie le concept de plateforme, dans la mesure où elle implique le décloisonnement. Il affirme que d’ici quinze ans, nous verrons les entreprises actuelles du CAC40 comme nous voyons actuellement les forges décrites par Émile Zola : des systèmes peu productifs et totalitaires. L’avenir appartient aux organisations agiles, places, orientées par des projets. Elles remplaceraient bientôt les organisations fortement hiérarchisées, inspirées du monde militaire : car elles seraient plus productives, plus efficientes dans leur gestion du capital humain et du capital tout court. Grâce à la data. Et certains titans industriels, comme GE, s’y mettent. La transition vers la sur-performance n’est pas immédiate, mais il est certain que le digital est en train de bouleverser le monde industriel.
Pour réussir la transformation digital, il faut prendre la mesure du défi qu’elle représente sur le plan anthropologique. Quatre notions sont essentielles : 1) L’engagement du management 2) Le caractère fondamental du capital humain : les talents sont rares et il faut savoir les détecter et les attirer (1500 data scientists formés en France, alors qu’il en faudrait 10 000 par an) 3) Passer de l’ERP à la plateforme 4) L’open innovation et la culture de la data.
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