“Même un grand groupe n’a pas la capacité à suivre les expertises dans tous les domaines” – Michaël Haddad
Le Club Industrie a réuni autour du thème de l’Open Innovation pour les PME à Bordeaux le 26 avril une variété d’acteurs représentatifs du système d’innovation français actuel : la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux (CCIB), l’Agence de développement Aquitaine Dévelopement Innovation (ADI), PSA, le laboratoire d’économie GREThA, Presans, et, last but not least, l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI). Première partie de notre compte-rendu de cette table ronde.
Dans son introduction, Jean-François Cledel, Président de la Commision de l’Industrie de la CCIB, a d’abord rappelé que cette réunion s’inscrivait dans le cadre du thème annuel de l’innovation choisi par le Club de l’Industrie, ainsi que dans celui de la Journée mondiale de la propriété intellectuelle. Il a insisté sur la vigilance nécessaire des PME en matière de clauses des contrats cadres les liant aux grandes entreprises, garante du contrôle d’un “noyau de propriété intellectuelle” indispensable à leur développement.
Jean-Luc Fouco, Président de l’ADI a ensuite pris la parole pour présenter le rôle et la structure de son organisation, récemment issue d’une fusion d’agences déjà durablement impliquées dans le développement des PME, et profondément articulée par diverses passerelles aux autres acteurs tels que les Pôles de Compétitivité, en plus de la CCIB, du GREThA, etc. Il a indiqué les axes-clés de la stratégie d’innovation des PME : le progrès sur la compétivité “hors-coût” technologique et commerciale, l’innovation incrémentale, le positionnement sur la chaîne de valeur, et la capacité de “rassembler des gens capables de résoudre intelligemment un problème : en général, ils ne sont pas tous à l’intérieur de l’entreprise”. Il a insisté sur l’importance de l’innovation dans le domaine de l’intelligence économique.
Michaël Haddad, Responsable de la Cellule veille technologique PSA, a ensuite présenté la synthèse d’une “vision grand groupe” de l’Open Innovation, en y soulignant ce dont les PME pourraient tirer matière à inspiration. La mise en place du dispositif d’Open Innovation chez PSA obéit fondamentalement à une analyse prospective du secteur de l’automobile, confronté à de grands changements : taxes incitant à une réduction de -30% d’émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2015 et 2020, véhicules électriques et hybrides avec une part de marché de 15% d’ici 2020. Ces ruptures obligent les grands contructeurs à sortir de leurs réseaux de sous-traitants établis pour collaborer avec des spécialistes de ces technologies. Cette même logique s’applique également aux problématiques de la connectivité et de la mobilité, basculant les horizons de développement vers un court terme en décalage de l’industrie lourde. D’une manière générale, la recherche permanente du “coup d’avance” amène à élargir massivement le champ de la veille technologique : “même un grand groupe n’a pas la capacité à suivre les expertises dans tous les domaines”. L’enjeu de la veille est accru par les coût et les risques associés à ces technologies, qui vont croissants. Les solutions de partage de ces coûts et risques sont de ce fait très bienvenues, dans un contexte marqué par le souci de l’agilité et de l’accès rapide au marché.
“volonté de changer le paradigme donneur d’ordres / sous-traitant” – Michaël Haddad
Mis en avant par Henry Chesbrough en 2003, le concept d’Open Innovation est d’emblée familier à l’entreprise PSA, intégrateur des technologies de ses fournisseurs depuis plus de 70 ans. La nouveauté se situe davantage dans la volonté de “changer le paradigme donneur d’ordres / sous-traitant”, à l’heure actuelle encore “un voeu pieux.” Le concept de l’Open Innovation trouve sa première illustration dans un projet séminal de Procter & Gamble, où il s’agissait d’écrire des blagues sur les chips. Ce projet est à l’origine de la prise de conscience de l’accélération massive du time to market que procure le transfert de la technologie, en l’occurrence possédée par une firme italienne dans le secteur des pâtes. Toute la transformation de la R&D (Research and Development) vers le C&D (Connect and Develop) y trouve son origine. Michaël Haddad a ensuite présenté en détail toute une variété de success stories d’Open Innovation dans divers secteurs industriels, avant d’approfondir l’intérêt de l’Open Innovation pour les PME.
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Note : l’illustration utilisée ci-dessus est sous licence Creative Commons ; elle est disponible ici.