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Dario Liguti et Laurent Wormser, respectivement Directeur Marketing Stratégique et Directeur de la communication France de General Electric ont accepté de répondre à nos questions sur leur vision du management de l’innovation. Seconde partie de l’entretien.

“On dit que la France est en train de se désindustrialiser, mais nous pensons que l’innovation, et la valeur ajoutée de la matière grise peuvent permettre d’être compétitifs.” – Laurent Wormser

Presans : Nous avons noté l’absence de gagnants français des concours Ecochallenge Grid et Home. D’après vous, quels sont les points forts de l’innovation française ?

Dario Liguti et Laurent Wormser : Question difficile !

Laurent Wormser : Concernant d’abord le fait que nous n’avons pas retenu de projets français, il est vrai que sur les 5000 candidatures suscitées par l’Ecochallenge, les projets français n’étaient pas nombreux comparés aux projets anglo-saxons et nord-américains. Nous voulons améliorer notre communication pour les futurs challenges.

Dario Liguti : La deuxième phase que nous poursuivons maintenant au niveau des challenges, c’est de régionaliser les initiatives de ce type – justement pour faire face éventuellement à des problématiques de langue, ou même au niveau de la perception de barrières culturelles. Nous avons récemment lancé une initiative de ce type en Chine, et nous en lancerons d’autres ailleurs dans le monde.

Pour répondre à votre question, nous ne sommes bien sûr pas en position de dire ce qui marche et ce qui ne marche pas en France. Ce que nous pouvons dire, c’est ce que nous faisons bien en France. Nous avons quatre centres d’excellence mondiale en France. A Buc se trouve le centre de recherche en mammographie et radiographie. Cela veut dire d’une part que tous nos chercheurs sont concentrés là, et d’autre part que nous produisons et exportons ces produits dans le reste du monde à partir de la France. Un autre centre d’excellence se trouve à Belfort, dans le domaine des turbines à gaz. Un troisième se trouve au Creusot en Bourgogne, dans le domaine des compresseurs et des turbines à vapeur. Le quatrième est installé à La Défense, et se consacre au domaine de la signalisation et à la gestion efficace et sûre du trafic dans les systèmes de transport. En France, nous sommes très bien implantés du point de vue de la R&D. Les points forts de la France sont ses ressources humaines, techniquement très pointues, ainsi que son environnement très favorable à l’innovation. Nous travaillons par exemple avec l’Institut Gustave Roussely, avec les Universités, les centres de recherche, le CEA, etc. La possibilité de travailler dans un écosystème qui s’avère très favorable est précieuse. Nous travaillons également avec des acteurs du programme public d’investissement pour l’avenir. Enfin, en troisième lieu, on peut dire que le Crédit Impôt Recherche et les instruments incitatifs mis en place par le Gouvernement sont positifs et avantageux.

Laurent Wormser : On dit que la France est en train de se désindustrialiser, mais nous pensons que l’innovation, et la valeur ajoutée de la matière grise peuvent permettre d’être compétitifs. L’usine de Belfort par exemple est challengée par d’autres implantations du Groupe, par exemple en Chine. Sur des pièces équivalentes, l’usine française n’est en réalité plus chère que de 5%, et ce entre autre grâce à l’innovation et la R&D.

 

Presans : Ecomagination avait fixé des objectifs à 5 ans, largement atteints. Le contexte de crise actuel va-t-il impacter votre capacité à vous projeter dans l’avenir ?

 

Dario Liguti : Un mot d’abord sur Ecomagination. Il s’agit d’abord fondamentalement de mettre sur le marché des produits permettant de réduire l’empreinte environnementale de nos clients. Le programme Ecomagination mesure ainsi les ventes des produits labellisés Ecomagination. La labellisation est effectuée par une société externe. Chez GE, les ventes de produits porteurs du label Ecomagination en 2010 représentent 21 Milliards de Dollars.

Le pendant interne de ce programme nous a conduits à réduire notre propre empreinte de CO2, ainsi que notre consommation de carburants. Nous avons augmenté notre R&D, et nous avons lancé l’Ecomagination Ecochallenge. Ce dernier a d’abord été doté de 200 Millions de Dollars dans les domaines du Smart Grid et du Smart Home, dédiés au démarrage de l’investissement, sous plusieurs formes – seed capital, venture capital, expansion capital, dans des sociétés innovantes dans le domaine des écotechnologies.

Laurent Wormser : Nos investissements Ecomagination en R&D représentent entre 2005-2010 $5 Milliards, et entre 2010 et 2015, nous avons annoncé un doublement à $10 Milliards. Cela met en perspective le rôle de l’Ecochallenge au sein d’Ecomagination.

 

La crise va accélérer le besoin d’innovation.” – Dario Liguti

 

Dario Liguti : Nous venons maintenant de lancer la deuxième phase d’Ecomagination, qui prévoit effectivement le doublement de la R&D, le lancement d’autres produits, la continuation en interne de la diminution de l’impact environnemental. Nous avons aussi rajouté un objectif en matière de consommation d’eau. Tout cela est en cours et nous verrons d’ici 2015 quels seront les résultats que nous aurons obtenus. Mais il s’agit bien de réaliser une très forte croissance des ventes liées à nos technologies environnementales : nous visons une croissance du double de celle de l’ensemble du Groupe. Notre croyance dans le potentiel des technologies environnementales est née du credo de notre PDG : “Green is green” – Derrière les technologies environnementales, il y a des business cases, et à la fin des dollars. Voilà le concept d’Ecomagination.

J’en viens donc à votre question : Non, la crise ne nous conduit pas à réduire nos ambitions dans le domaine du développement durable. Il faut remarquer que le premier programme Ecomagination n’a pas été impacté par la crise de 2008-2009. Nous n’avons pas l’intention de réviser les objectifs que nous nous sommes fixés en 2010 pour 2015. Il y a aura certainement des impacts locaux, mais au niveau global l’importance stratégique de l’innovation est trop grande. Nous ne pouvons pas ne pas investir maintenant, car au moment où la crise sera finie, nous ne pourrons pas nous permettre d’être en retard par rapport à nos concurrents. La crise rend en réalité beaucoup plus vitale l’innovation technologique. Surtout dans des pays matures comme la France, où il ne s’agit pas de créer des infrastructures, mais bien de rendre les infrastructures existantes encore plus efficaces. La crise va accélérer le besoin d’innovation.

Laurent Wormser : Un site comme Belfort exporte à 95%, et nos sites industriels français dans l’ensemble à 75%. Ce qui prouve que nous pouvons être compétitifs en France grâce à l’innovation et à la matière grise.

 

Presans : Merci Messieurs pour ce message de force et pour cet entretien.

 

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Note : L’illustration utilisée ci-dessus  est sous licence Creative Commons ; elle est disponible ici.