Multipotentialité a un sens fort et un sens faible. Au sens fort, elle désigne la capacité à être performant dans divers domaines d’activité. Au sens faible, elle désigne la cultivation d’un intérêt pour des domaines indépendants, sans pour autant que cet intérêt soit accompagné d’un haut niveau de performance.
C’est ce sens faible qu’emploie Emilie Wapnick, fondatrice de la religion tribale « multipotentialiste ».
Sa doctrine affirme l’existence d’un type distinct de personnalité “multipotentialiste », dont l’épanouissement est entravé par la domination sociale des rôles de « spécialistes ».
Selon cette doctrine, les multipotentialistes devraient ouvertement tenir pour normal de ne pas terminer un projet, au nom de leur multipotentialité. Le but de ce conseil est d’effacer la blessure provoquée par l’échec. Au fond, les multipotentialistes s’encouragent mutuellement à ne pas prendre au tragique la non réalisation d’une tâche. Je laisse au lecteur le soin de décider ce qu’il faut penser de cette prescription. Le meilleur argument de Wapnick est que cela a fonctionné pour Leonardo Da Vinci, dont, il faut en convenir, personne ne se souvient principalement pour ses projets abandonnés.
Alors que le type “spécialiste” a déjà une identité et sait qui il est et quelles sont ses priorités, le multipotentialiste est d’abord désemparé et passe beaucoup plus de temps à explorer différents domaines. Cependant, il ne dispose pas d’un temps infini, et il doit dans tous les cas trouver un moyen pour entretenir sa préférence pour l’exploration.
Selon Wapnick, une bonne solution à ce problème est de lancer une “entreprise Renaissance” autour d’une combinaison d’intérêts personnels, organisée par un thème général – ce qui correspond à la question du “Pourquoi? » de Simon Sinek.
Un multipotentialiste qui suit ce chemin va probablement se retrouver avec une proposition de valeur plutôt unique et peut-être même innovante. En fait, même s’il ne démarre pas un business, il pourrait contribuer de manière significative à des projets d’innovation, puisque ces derniers exigent de la créativité, une pensée hybride, latérale ou transversale, de la sérendipité, etc. – des qualités qui sont stimulées par la cultivation d’une multiplicité de champs distincts d’intérêt.
Cependant, l’innovation ne se nourrit pas seulement d’idées abstraites. La connaissance de détails concrets est essentielle, et impossible à acquérir en dehors d’une spécialisation.
Pour revenir à notre distinction initiale entre multipotentialité forte et faible, il semble que ce que l’on cherche vraiment pour l’innovation, et en particulier pour l’innovation technologique, va au-delà de la multipotentialité au sens faible. Un intérêt dans des domaines divers n’est pas synonyme de maîtrise de ces divers domaines. Mais il est impossible d’acquérir une telle maîtrise sans avoir réalisé des projets avec succès dans ces domaines. La vision latérale acquise grâce à ce type d’expérience est bien plus qu’un potentiel en devenir : c’est une vraie connaissance inter-domaines et de haute qualité. Au plus haut niveau de raffinement, un expert devient un expert en expertise. Cette méta-expertise lui rend facile la détection et l’évaluation d’autres experts.
Chez PRESANS, nous avons un nom en interne pour désigner nos méta-experts: les Fellows. Ils accompagnent nos clients du début à la fin d’un projet, s’assurant que les bonnes questions soient posées, que les meilleurs experts soient sélectionnés et que les informations clés soient communiquées. Tous nos Fellows sont des vétérans ex-CTO avec un passé dans l’innovation inter-domaines.
Le Fellow fondateur de PRESANS est Jacques Schmitt. Nous l’avons souvent mis en vedette sur ce blog. Il a remis le flambeau de “Directeur des Fellow” à Hervé Arribart il y a quelques mois. Pour information : quand il s’agit de Fellows, nous recrutons toujours.
Les Fellows de PRESANS représentent le plus haut niveau de multipotentialité que vous puissiez obtenir sur le marché. Ils apportent de quoi accomplir des renaissances, mais ne sont pas du genre à abandonner… des qualités prisées quand il s’agit d’innovation ouverte industrielle.
Interesting. What I’ve heard described as the depth vs. breadth conundrum. Recognition of the former by the latter is key in any industry from sports to accounting. Thanks for sharing.