Cette fiche technologique sur les planeurs hypersoniques synthétise quelques faits jugés significatifs par nos Fellows dans le cadre de l’activité Presans Platform.
Qu’est-ce qu’un planeur hypersonique ?
Les mobiles hypersoniques ou hypervéloces se déplacent à une vitesse comprise entre Mach 5 et Mach 25, soit entre 6174 km/h et 30870 km/h. Certains projectiles et missiles atteignent ces vitesses.
Dans le cas des planeurs hypersoniques, il s’agit de systèmes dépourvus de propulsion, sauf à la marge, capables de manoeuvrer de manière à profiter de la portance aérodynamique obtenue à vitesse hypersonique dans les couches hautes de l’atmosphère, et d’alterner ces vols planés avec des sauts par-dessus l’atmosphère. Le planeur doit être amené en position de départ de vol plané, typiquement au moyen d’une fusée. Un planeur hypersonique pourrait être déployé pour atteindre n’importe quel point de la planète en moins d’une heure.
Le planeur peut transporter des charges explosives conventionnelles ou non. Il peut être efficace contre sa cible même sans charge.
Contexte du développement des planeurs hypersoniques
L’amélioration continue des capacités de détection et d’interception des armes balistiques et/ou à propulsion tend aujourd’hui à introduire de plus en plus d’incertitude dans les calculs sous-jacents aux capacités de dissuasion nucléaire. Les planeurs hypersoniques, et plus généralement les armes hypersoniques, participent d’une volonté de restaurer les capacités de dissuasion des puissances grandes et intermédiaires.
Notons cependant qu’il s’agit d’une technologie duale, avec des application civiles évidentes comprenant le lancement d’engins dans l’espace, la récupération d’engins spatiaux, et le transport civil de passagers et de marchandises.
Niveau de maturité et défis de développement de la technologie
Aussi bien les USA, la Russie et la Chine semblent disposer aujourd’hui de planeurs hypersoniques opérationnels. Cependant ce type d’arme n’est officiellement pas encore en service. Il est aujourd’hui difficile de savoir qui des trois grandes puissances maîtrise le mieux cette technologie, dont le développement va se poursuivre pendant les prochains décennies.
La France a récemment décidé de développer un prototype de planeur hypersonique nommé V-Max. Les autres pays actifs dans ce domaine incluent l’Inde et le Japon.
Les défis technologiques principaux liés aux planeurs sont de trois ordres :
- Difficulté de manoeuvrer à grande vitesse
- Difficulté de contrôler la chaleur causée par le frottement, chaleur qui par ailleurs rend le planeur détectable
- Difficulté de transporter une charge de combat lourde
Ecosystème technologique
Le développement d’un planeur hypersonique demande des infrastructures lourdes, en termes de soufflerie et en termes de capacités de calcul.
Géopolitique
D’un point de vue géopolitiques nous sommes entrés dans une course aux armements hypersoniques dont les planeurs constituent un aspect clé. Les grandes puissances qui disposent d’une avance dans ce domaine sont susceptibles de vouloir dissuader les puissances intermédiaires d’acquérir cette technologie au nom d’une volonté de limiter la prolifération des armes de destruction massive. La logique d’un tel argument laisserait cependant à désirer : un pays doté de planeurs hypersoniques et de moyens d’interception de missiles non hypersoniques serait capable de défaire un pays qui en serait dépourvu, sans subir de rétribution. L’équilibre de destruction mutuelle assurée serait rompu.
Les planeurs hypersoniques sont donc des technologies de rupture à plus d’un égard.