Comme chez Presans, nous réalisons 40% de notre activité dans le secteur de l’énergie, dont une grande partie dans l’Oil & Gas, me voilà une nouvelle fois aux Journées Annuelles des Hydrocarbures. Nous sommes au Palais des Congrès à Paris, le 19 octobre 2017, il est 9h11, et je suis légèrement en retard pour le démarrage. Eux aussi. Tout va bien.
Ce soir, SpotLight remportera le Prix de l’Innovation d’Evolen, mais il ne le savent pas encore – petit délit d’initié car je suis dans le jury. Leur projet ? Disrupter l’acquisition et le traitement de données pour la production d’huile… Alors que les acteurs en place misent tous sur de plus en plus de mesures, de plus en plus de données, de plus en plus de puissance de calcul, eux, Spotlight misent sur un retour au besoin de l’utilisateur final. Et dans ce cas, cela veut dire le moins de données possible. Histoire à suivre dans un futur article.
Pour l’heure, petit compte rendu de la table ronde sur le digital dans l’Oil & Gas.
Philippe Baptiste, Directeur de la Recherche du groupe Total anime la session. Je connais Philippe d’une vie antérieure : il y a quelques années, aux débuts de Presans, il dirigeait le laboratoire d’informatique de l’X, il avait alors signé l’une de mes premières lettres de recommandation ! Bref, Philippe, dans son introduction nous explique que le secteur a connu de nombreuses révolutions liées au numérique. Même si le numérique a complètement bouleversé les chaînes de valeur de pas mal d’autres secteurs, pour l’instant, l’énergie n’a pas encore été trop impactée – au sens disruptée. C’est bien sûr une question de temps. Philippe voit 3 enjeux majeurs : le big data, la robotique et l’automatisation, et enfin le numérique pour réconcilier la demande et l’offre de plus en plus décentralisée. Ce dernier point est défendu par Jérémy Rifkin depuis de années.
Le premier invité de Philippe est Robert Plana (Emerging Technologies chez GE). Lui aussi nous le connaissons bien. Robert nous explique comment GE a démarré sa transformation digitale il y a 5 ans. Tout est parti d’un triple constat : on doit travailler différemment avec nos clients. Il y a de plus en plus de digital dans les verticales de GE. Nous avons besoin d’agilité. A cette époque ils décident de mettre en place un environnement de développement au service de leurs unités. Cet environnement étant maintenant mature, il est aussi ouvert à leur clients et à un écosystème de manière générale. Robert refuse de parler de « stratégie de plateforme », chère au pure players du digital. Mais pour moi, c’est bien de cela dont il s’agit. GE déploie la même stratégie qu’Apple avec l’AppStore, mais pour des applications industrielles. C’est brillant. Mais à mon avis, leur communication n’est pas ultra claire.
Le second invité n’est autre qu’Yves le Stunff, que nous connaissons encore mieux ! Yves est Digital Officer Subsurface chez Total. Il nous explique comment, sous l’impulsion de Patrick Pouyanné, la Direction Digitale a été créée. Cette Direction est au service de la performance de Total : HSE, réduction des coûts et efficacité opérationnelle. Sur l’efficacité opérationnelle, il peut s’agir par exemple de faire de la maintenance prédictive, d’optimiser la relation avec les partenaires sur des projets très complexes etc. Les enjeux aujourd’hui relèvent essentiellement du changement de culture. Comment va-t-on passer d’un opérateur qui travaille avec un carnet et un crayon à un opérateur augmenté ?
Vient ensuite le tour de Marianne Julien qui est Directrice des Ecosystèmes Scientifiques chez Air Liquide. Marianne nous parle principalement de comment la mise en place d’un challenge d’innovation leur a permis de faire émerger des questions de leurs experts internes, pour ensuite les soumettre à une communauté externe. Marianne nous avoue imiter ce que General Electric a fait il a 10 ans avec Ecomagination.
J’ai malheureusement loupé l’intervention de Catherine Rivière de l’IFPEN car j’ai dû prendre un coup de fil… Sorry.
Vint ensuite le tour d’Antoine Petit, PDG de l’INRIA. Antoine nous explique avec un sourire que l’INRIA, ce n’et pas l’INRA. L’INRIA est bien sûr un institut de recherche en informatique et en mathématiques appliquées. Antoine met en avant le fait que l’INRIA est un organisme très attrayant au niveau international. Attrayant pour les talents : sur 1800 chercheurs, la moitié vient de l’étranger. Très attrayant aussi pour les entreprises : ils ont de nombreux laboratoires communs, dont un avec Microsoft et un avec Facebook. C’est un bon signe, car malgré leurs moyens financiers, ces entreprises américaines considèrent qu’elles doivent non seulement continuer à travailler avec le monde académique – le monde du temps long – mais en plus avec des laboratoires français. Antoine termine sur une conclusion frappante : «le numérique, vous allez vous le prendre de plein fouet. Occupez vous de lui, avant qu’il ne s’occupe de vous!»