Lors de la table ronde « PME : comment intégrer des technologies avancées, en partenariat avec la Recherche » qui a eu lieu lors des RDV Carnot les 5 et 6 mai à Lyon, Florin Paun, Directeur Adjoint Innovation Industrielle à l’institut Carnot ONERA-ISA, a expliqué pourquoi « la recherche française n’est pas câblée pour l’innovation ».
Les TRL
Après quelques propos provocateurs, Florin Paun, a expliqué le concept de Technology Readiness Level. Il s’agit d’une notion très utilisée dans les domaines de l’aérospatial et de la défense et qui permet de qualifier le niveau de maturité d’une technologie.
« Technology Readiness Level (TRL) is a measure used by some United States government agencies and many of the world’s major companies (and agencies) to assess the maturity of evolving technologies (materials, components, devices, etc.) prior to incorporating that technology into a system or subsystem. » (Wikipedia).
La recherche française dans les TRL
Comme le montre la figure « TRL et recherche française », les TRL vont de 1 à 9. TRL 1 correspond à la recherche fondamentale, TRL 2 à la recherche appliquée, TRL 3 et 4 à la fabrication d’un démonstrateur en laboratoire, TRL 6 et 7 à la fabrication d’un prototype et TRL 9 à une technologie prête pour la mise sur le marché.
Le positionnement naturel, (historique) de la grande majorité des laboratoires de recherche publique se situent dans des niveaux de TRL très bas (1 et 2). Les instituts Carnot sont situés un peu plus hait dans l’échelle des TRL et certains d’entre eux atteignent même TRL 4. Le CETIM, plusieurs fois cité en exemple par Florin Paun, est capable de remonter également assez haut dans les TRL.
Pour intéresser les industriels et particulièrement les PME (pour faire du techno-push, i.e. de la valorisation et pour favoriser la mise en oeuvre de co-développement), il faudrait que les technologies soit au moins à des niveaux de TRL 4 ou 5.
« Le techno-push avec des TRL inférieures à 4 n’intéressent pas les industriels. »
Pourquoi rester si bas dans les TRL ?
Lorsque il faisait ses études dans une des Grandes Ecoles française, la devise de celle-ci l’a toujours frappé, explique Florin Paun.
« Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire… et ? et ? Il manque quelque chose, non? Pour la valeur ausi, peut-être !? ».
Il existe un blocage culturel, une certaine honte à parler d’argent.
Besoin de traduction
Un autre aspect mis en souligné par Florin Paun est l’existence de plusieurs déséquilibres entre la recherche publique et les PME.
- Un déséquilibre relationnel : la recherche publique et les PME ne parlent pas la même langue. Il existe un besoin de traduction, de reformulation des besoins des PME et des solutions apportées par les laboratoires de recherche.
- Un déséquilibre financier et temporel : tandis que les PME prennent des risques financiers importants en passant des contrats de recherches avec les laboratoires, les chercheurs, quant à eux ne sont pas soumis au même contraintes temporelles et, du point de vue des PME, prendre du retard. Les motivations, ne sont tout simplement pas les mêmes (voir nos articles sur les collaborations recherche-industrie partie 1 et partie 2).
« Les déséquilibres créent de la valeur, mais ces déséquilibres doivent être comblés pour permettre la captation de valeur ».
Les SATT (Société d’Accélération du Transfert Technologique), récemment mise en place par le gouvernement vont avoir notamment comme mission de combler ces deux déséquilibre.
Conclusion
« PME : allez voir les Instituts Carnot ! »
L’expérience de l’innovation sur le terrain m’a montré que les instituts Carnot ne sont pas les meilleurs vecteurs pour établir des liens entre les créateurs de valeurs (PME et entreprises) et les laboratoires. Les innovateurs en PME, pour se lier aux laboratoires afin d’innover, utilisent plus facilement des organisations facilitatrices de proximité comme les organisations issues des conseils régionaux (Bretagne Innovation, SEM…) ou les syndicats professionnels (SYMOP, SYROBO…). Ces organisations connaissent les chercheurs qui savent parler aux patrons de PME et comprendre leur besoin.
After 41 year in aerospace development both in industry and space agency I can only agree with Florin Paun. Only the large companies can take benefit of french research labs. SME cannot afford to invest on low TRL.
1- I observed that scientist are rarely interested in TRL beyond 3, and the reason is that at that point, any publication on the subject is no longer new science worth article in major scientific journal (scientist are evaluated on how many new scientific publication he produces).
I am not sure that Carnot institutes are differents from other scientific institutions.
2- CNRS rules before signing contracts with industry are close to legal ransom ripping industry from ownership of the outcome of cooperation.
Bright scientific ideas and rewarded by scientific publication and recognition from the scientific community, but pre-emptive claim of ownership of the outcome of industrialisation is basically ignoring that most of the development cost and effort to bring the « idea » to the real world is born by industry.
Research institutions should should ask themself « If industry does not own the end product, why should it invest in it? »
3- To change the situation, research labs should be also evaluated on how many discoveries/ideas end up in real products.
A rule of thumb of development cost is:
1% on TRL 1-2 (research)
4% on TRL 3-4 (validation)
10% on TRL 5-6 (realistic prototyping)
85% for industrialisation!
Reward should be proportionate to the cost…
Dear Robert, thank you for this very inspiring feedback. You should read this other post on counter-productive public policies. Best. Albert
http://open-organization.com/2012/01/29/open-innovation-and-public-policies-in-europe/