L'auteur de cet article est Christian Casse, Fellow Presans, ex-CTO de Hutchinson.
Diesel : voilà un mot qui fait la Une. Ce nom est avant tout un nom propre : Rudolf Diesel. Une vie consacrée à la mise au point d’un moteur plus efficace. Aujourd’hui, il l’est toujours. Le premier brevet date de 1892. Diesel obtient le soutien financier immédiat de grandes firmes… ce qui ne met as à l’abri des aléas techniques : quel carburant ? Comment l’injecter ? Les brevets s’enchaînent. Fortune, une certaine folie des grandeurs — la marque peut-être de son enfance si pauvre —, les revers de la technologie ou du contexte économique se suivent. À la suite d’une succession de hauts et de bas vient le suicide en 1913. La première automobile équipée d’un moteur Diesel fut la Mercedes 260D de 1936, non sans que ce moteur ait conquis dans le même temps tout ce qu’on connaît aujourd’hui. Ce fut l’affaire d’un brillant ingénieur, et de décennies de développement dont il ne vit que partiellement l’achèvement.
L’affaire d’un passionné maintenant, celle de Charles Goodyear. Goodyear est l’inventeur de la vulcanisation du caoutchouc. Endetté, sacrifiant tout, famille, revenus sporadiques à cette mission qui l’habitait. Pourquoi ? Mystère. Les produits et applications qu’il imagine occupent la moitié du stand des Etats-Unis lors de l’exposition universelle de Londres en 1851. Charles Goodyear a tout prototypé : équipements de sauvetage, bandages caoutchouc, bracelets élastiques, tuyaux. Visionnaire et obstiné, mais sans connaissance de la chimie, totalement dépourvu de sens des affaires, quoique disposant de nombreux contacts, il passe infatigable de sa cuisine domestique / laboratoire à des geôles diverses, y compris en France. Napoléon III aurait reconnu son mérite et accordé de l’honneur, sans aller jusqu’à le soutenir dans ses travaux. Il dut vendre ses brevets presque littéralement pour une bouchée de pain à des gens avisés qui eux surent en tirer fortune.
Toute autre fut l’aventure Bette Nesmith Graham. Peu studieuse, elle fut d’abord secrétaire, puis millionnaire. Ses difficultés à dactylographier sans faute, les « typos » d’aujourd’hui, la rendent attentive à un peintre d’enseigne qui, lui, corrige ses erreurs en repeignant par-dessus. Mis au point dans sa cuisine, le premier correcteur apparaît. Il permet de reprendre une frappe propre, bientôt indispensable à ses collègues également. L’astucieuse secrétaire se retrouve, après quelques améliorations techniques et un peu d’aide marketing, bientôt à la tête d’une entreprise florissante revendue des années plus tard à un bon prix. Belle start-up des années 1960, si loin, si proches.
Au-delà des aventures ainsi personnifiées, il y a des assemblées informelles ou structurées pour proposer au monde une vraie différence. L’invention, l’innovation est-elle autre aujourd’hui ? Pas vraiment, mais la possibilité de s’adresser à chaque individu en particulier, non plus seulement à travers un système industriel, démultiplie les rencontres et donc les possibles.